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Mosaïque

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24 décembre 2007

Noël...

Il y a une année, j'écrivais un texte pour Noël (http://www.canalblog.com/cf/fe/tb/?bid=226138&pid=3512423). J'y écrivais certaines choses que je relis aujourd'hui comme récepteur. Cela me fait bizarre !

Néanmoins, je souhaite à tous une bonne fête de Noël et particulièrement à ceux qui sont seuls et/ou à ceux qui souffrent moralement et physiquement.

Que Dieu vous chérisse avec toute sa tendresse manifestée en Jésus-Christ. Que l'anniversaire de la naissance de celui-ci devienne pour vous le départ de quelque chose de nouveau en vous et, cela serait merveilleux, que ce quelque chose puisse vous permettre de vous relier à lui. C'est à vous de choisir, lui il est prêt !

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20 décembre 2007

Cela fait une année...

Et oui, déjà une année que j'ai ouvert ce blog... C'était la première fois le 20 décembre 2006 que j'écrivais. Le thème de mon article était "J'ai craqué" http://www.canalblog.com/cf/fe/tb/?bid=226138&pid=3481.

Je ne pensais pas à ce moment que j'ouvrirais d'autres blogs ! Le deuxième blog que j'ai ouvert est celui consacré à la Vallée de Joux. Je me disposais à décrire les belles ballades à pied, à raquettes ou à vélo que l'on pouvait y faire. Je pensais aussi décrire certaines personnes, qui m'avaient apporté leur soutien et leur sourire durant notre traversées difficile de ces dernières années.

Puis, mon épouse est décédée le 23 janvier et tout à basculé. J'ai alors ouvert 2 autres blogs: l'un en sa mémoire sur lequel je n'écrirai plus après le 29 janvier 2008, l'autre sur mon chemin de deuil. J'y ai écrit des pensées très personnelles au risque d'être mal compris, peut-être jugé ou condamné. Mais j'ai désiré témoigner qu'Iris n'était pas simplement une suicidée, puisque pendant 4,5 mois, nous avons cru à cela. Heureusement, le rapport médico-légal nous a apporté la preuve du contraire. Je ne supportais pas que l'on puisse garder de mon épouse que le fait qu'elle se soit suicidée, qu'on l'étiquette à jamais. Elle qui avait déjà beaucoup souffert de se sentir jugée parce qu'elle souffrait de problèmes de poids... Ce blog est donc simplement, avec mes moyens, une reconnaissance de ce qu'elle a été pour moi et pour mes filles: une femme qui a apporté de la joie autour d'elle et du soutien à ceux qui en avaient besoin. J'en ai fait partie. Humaine, elle avais ses défauts et ses qualités. Ce n'était donc pas une personne parfaite, comme chacun de nous. D'ailleurs elle en était bien consciente et parfois, comme je l'ai déjà écrit, nous riions de nos faiblesses. Il nous arrivait aussi de devoir nous pardonner l'un l'autre car nos personnalités ou nos idées s'entrechoquaient. Mais j'ai aimé cette femme jusqu'au bout et son souvenir restera à jamais gravé dans mon coeur. Je ne veux pas qu'elle devienne à l'avenir un fantôme qui m'empêche de vivre et qui obstrue mes nouvelles relations. Je désire simplement que l'on garde d'elle le souvenir d'une femme parfois fragile, mais souvent forte, qui a été une merveilleuse épouse et mère. Depuis le 28 décembre 1980, date à laquelle elle a répondu affirmativement à ma déclaration d'amour, elle a été la seule qui a vécu avec moi en tant que compagne, épouse, amante, mère de mes filles et meilleure amie. Je sais, dans ce monde ou les liens se défont plus rapidement qu'ils ne se forment, cela peut paraître puéril, rétrograde. Mais je ne regrette rien et si je devais recommencer, je recommencerai. Je suis fier de ce que j'ai pu vivre avec Iris. J'étais heureux de notre complicité qui s'est fortifiée au gré de nos épreuves comme de nos joies. Le moment le plus difficile que j'ai vécu avec elle était l'année 2002. En particulier de mai à octobre. C'était une année de grand changement et nous étions fragilisés car nous avons appris à cette époque ce qu'était la solitude. Nous nous sommes même disputés le jour de notre vingtième anniversaire de mariage. Nous l'avions profondément regretté. Nous espérions vivre le prochain anniversaire "à chiffre rond" dans la joie et dans la fête avec nos prochres: le 25ème. Cela aurait dû être le 8 mai passé. Je l'ai passé, en partie, devant sa tombe, seul, en me faisant tremper de la tête aux pieds par un violent orage.

La vie est étrange. Le dimanche 21 janvier, elle était dans son lit car elle avait fait une hypertension assez sévère. Elle s'était levée et je lui avais montré mes deux blogs. Elle m'avait dit qu'elle les lirait avec plaisir et s'amusait de ma nouvelle idée. Car j'étais comme cela: toujours quelques idées à creuser, toujours de nouveaux champs d'investigation à découvrir, toujours une nouvelle formation à suivre. Parfois cela l'ennervait, souvent elle se moquait gentiment de moi.

Nous ne sommes pas toujours conscients de ces moments rares qui deviendront des moments inscrits en nous pour toujours. Le soir avant, nous avions parlé de la dame d'Isieu qui avait fait l'objet d'un texte sur mon blog. Elle avait regretté de ne pas voir le film mais je lui avais dit: ils le repasseront, il ne faudra pas le louper. Il a repassé et j'ai pleuré car elle n'était plus là. Durant ce dernier week-end, quelque chose de bizarre s'agittait en moi. Le lundi aussi. Je pense que j'étais averti de son départ, mais je ne l'ai pas compris sur le moment. Ce que j'aimerais revenr en arrière pour lui dire correctement au-revoir.

Elle est partie le lendemain. Ce qu'elle aimait le plus, son matériel de bricolage, a brûlé avec elle.

Je ne pensais pas il y a une année qu'une année plus tard je parlerai d'elle au passé...

La vie, malgré tout, est belle. C'est vrai je souffre encore. La première année de deuil est très dure. Mais, je n'ai pas perdu l'envie de vivre même si parfois dans de courts instants, je l'avoue, j'aspire à quitter ce monde dur et froid. Non, je souhaite continuer la route et terminer la vocation qui m'a été adressée par Celui qui est au-dessus de tous et qui encore bien plus cette dernière année m'a montré à quel point Il m'aimait en Jésus-Christ: mon Père céleste.

Durant cette année, je n'ai pas rencontré beaucoup de bloggeurs. J'en ai été parfois déçu. Peut-être même ne suis-je plus lu. Mais cela ne fait rien: écrire me permet de donner du relief à la réalité et de reprendre des force pour parcourir mon chemin. Je remercie ici les rares personnes qui m'ont envoyé un message de sympathie.

Alors c'est décidé, je rempile pour une année ! 

18 décembre 2007

C'est arrivé !!!

2007 n'a pas été une année excellente, loin s'en faut ! Au chapitre bonnes nouvelles, c'est surtout avec mes filles que j'en ai vécues comme la réussite de leur permis ou de leurs travaux / stages durant leurs études. J'ai aussi pu vivre une rencontre inattendue dont je reparlerai. Mais en ce mercredi 12 décembre, j'ai littéralement explosé de joie et de soulagement ! Pourtant je suis actuellement peu bien, malade: une méchante grippe intestinale me laisse sans force.

Quel est donc cet événement qui m'a apporté une telle "joie" ? Le dernier événement du genre que j'avais vécu étaient les deux buts de la Suisse contre la Corée lors du championnat du monde de football.

Ce 12 décembre, je suis de nouveau fier d'être Suisse ! Blocher, conseiller fédéral, a été écarté du gouvernement suisse. Un fait rarissime dans notre Helvétie où tout ronronne politiquement. Quoique ces dernières années, cela s'est un peu emballé, même cela a méchamment dérapé à cause justement de Monsieur Blocher et de son parti de l'UDC.

La haine de l'étranger, par exemple, est devenue un sujet presque quotidien à cause des idées des ultras de ce parti. L'affiche des moutons, bien qu'ayant pris trop de place à cause de la maladresse des autres partis, a laissé des traces.

Au travers de Blocher, c'est l'arrogance qui a été éjectée du Conseil fédéral, le gouvernement  de notre pays constitué par 7 personnes de partis différents. Cette attitude consternante semblait avoir eu gain de cause le 21 octobre lors des dernières élections fédérales puisque l'UDC (Union Démocratique du Centre) a obtenu 29% des voix au parlement, score jamais atteint par un seul parti depuis l'ère moderne ! La Suisse est en effet normalement gouvernée par une concordance de 4 partis au Conseil fédéral: le parti radical (droite) avec 2 sièges, l'UDC (droite-extrême-droite) avec 2 sièges, le parti socialiste (gauche) avec 2 sièges et le parti démocrate-chrétien (centre) avec 1 siège). Mais l'UDC par son chef naturel a voulu imposer son diktat et de nouvelles moeurs dans la politique suisse. La non-réélection de Blocher est donc un arrêt dans ce processus. Même si cette tendance n'est pas définitive, l'UDC ayant déjà promis des "représailles", cela peut marquer un retour à une politique plus consensuelle qui est une tradition de notre pays qui a tout-de-même été source de prospérité et de tranquilité intérieure. Même si notre pays n'échappe pas à des problématiques difficiles comme la pauvreté ou l'intégration des étrangers.

A ce dernier sujet, l'UDC dénonce malgré tout certains problèmes dont la gauche ferait bien une fois de s'inquiéter réellement et d'arrêter de tomber dans l'angélisme. Il est vrai qu'il existe un problème d'intégration de certains étrangers. Il est vrai qu'une certaine violence provient de personnes mal intégrées.  Il est vrai, comme dans les autres pays, que la Suisse ne peut accueillir tous les étrangers qui quittent leur pays. Mais, de laisser entendre que l'étranger est la cause de tous les maux, qu'il est le seul à devenir hors-la-loi (du moins à entendre certains caciques de l'UDC, on pourrait le croire !), est une dérive avec laquelle je ne puis être d'accord. Et heureusement, nous sommes encore 71 % à le croire (et même plus, car tous les votes UDC ne sont pas anti-étrangers).

Un étranger est avant tout un être humain qui a ses besoins, qui a ses points forts et ses points faibles. Comme un Suisse ! Il n'est à mon avis ni pire, ni meilleur. Et beaucoup, il faut le reconnaître, ont une raison valable pour essayer de trouver chez nous un environnement source d'épanouissement qu'ils ne trouvent pas dans leur nation. Et j'ose écrire que nombreux étrangers sont des modèles d'intégration, de travail, de vie épanouie que peuvent envier certains de mes compatriotes.

Je suis donc heureux que l'élection au Conseil fédéral de mercredi passé ait sanctionné un homme qui ne luttait plus seulement pour ses idées mais qui dépassait trop souvent les limites avec certains de ses "camarades" en dénigrant ou même en intimidant des personnes d'autres partis. Alors bravo aux 125 personnes qui ont osé élire une autre UDC, une femme remarquable semble-t-il, qui sait avancer ses idées dans le respect de son prochain. Fut-il d'un parti totalement adverse !

17 mars 2007

Nouveau blog

J'ai ouvert un nouveau blog pour concentrer mes pensées sur mon vécu à la suite du décès de mon épouse. Sur celui-ci, je vais reprendre mes pérégrinations...

13 mars 2007

Après l'admission de Ketsia, souvenir du début de l'année

Ketsia a été admise à la HEP, j'en suis très heureux. Voici les pensées qui m'habitaient au début de l'année...

2 janvier – la neige

La neige vient à nous réellement pour la première fois de la saison. Le blanc recouvre le paysage qui s’en trouve tout changé.

Il suffit ainsi d’une nuit pour que le paysage change ! Que la pluie qui tombait hier devienne flocons et le blanc remplace le vert brun.

Parfois il suffit d’une décision prise lors d’une journée pour qu’une vie change !

Aujourd’hui, Ketsia réfléchit à nouveau à son avenir et remet totalement en question son engagement à l’Université. Elle ne s’y épanouit pas.

La HEP, objectif qui a tenu durant plusieurs années avant l’Uni revient. Son désir de devenir maîtresse de l’école enfantine aussi.

Finalement, l’important n’est-il pas quelle se sente heureuse dans ce qu’elle fait ? Elle aime l’espagnol et dans une moindre mesure l’allemand. Mais peut-être pas assez pour enseigner ces langues. D’ailleurs elle ne se voit pas comme professeur.

A 19 ans il est encore temps qu’elle change d’avis. D’ailleurs elle avait dit qu’elle essayait l’Uni pour ne pas avoir de regrets. Elle se donnait une année. Finalement, il n’aura fallu que quelques mois.

La décision qu’elle peut prendre aujourd’hui, ou dans les jours qui suivent quand elle se sentira mieux, peut changer totalement la couleur de la vie. Cela mérite indubitablement un temps de réflexion.

De toute façon, en tant que père, je soutiendrai ma fille dans son choix. Je l’aime telle qu’elle est et dans ce qu’elle fera. Dans ce domaine, je maintiens ma décision !

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23 février 2007

Les hirondelles

Voici un texte que j'avais écrit en référence à mon passé pour un site d'écriture.

J'essaie aujourd'hui de m'accrocher au message qu'il contient ...en redoutant de vivre le retour des hirondelles sans mon épouse.

Elles étaient de retour !

Depuis quelques jours il les attendait. Les hirondelles s’activaient et construisaient leur nid.

« Cette année, il y en aura quatre sous le faîte de la maison » observa-t-il

Il esquissa un sourire ingénu. Ses yeux bruns pétillants suivaient le manège des oiseaux qui virevoltaient dans le ciel avant de se précipiter sous la protection du toit.

Au bout d’un moment, son attention se relâcha et sa mémoire le porta plus de 40 ans dans le souffle du passé…

***

« Encore du pain stp grand-maman »

« Et bien, tu as bon appétit ce matin »

« Je dois prendre des forces »

Le bol de cacao cacha son petit visage. Il bu avidement, pressé de sortir. L’énorme pendule oscillait avec sa régularité coutumière. Les aiguilles indiquaient 9h10.

« Dis grand-maman, tu crois qu’ils sont là ? »

« Je ne sais pas Guillaume. Je n’ai rien vu ce matin. Tu peux aller voir mais ne va pas sur la route »

« Non, grand-maman, j’te promets ».

Il se leva, laissant sur la table son bol et son assiette pleine de miettes. Il se précipita vers l’embrasure de la cuisine et courut dans le couloir. La grosse porte d’entrée était lourde et il dut s’y prendre à plusieurs fois pour l’ouvrir.

Aujourd’hui le ciel était bleu pâle, le soleil chauffait déjà. Ce mois de juillet méritait son étiquette estivale.

La route qui montait de Châtillens à Essertes passait devant la maison. Elle était encore calme ce matin. Quelques voitures occasionnelles rompaient la quiétude de ce coin de campagne. Une barrière la séparait de la petite ferme depuis la mort accidentelle de la fille cadette. Elle était sortie en courant pour aller chez la voisine d’en face. Elle avait huit ans. C’était le troisième enfant sur neuf qui avait ainsi été enlevé tragiquement à l’affection de ses parents. La mémoire de la grand-mère était encore marquée par ces drames.

Le petit garçon se dirigea rapidement vers la fontaine abritée dans un renfoncement de la maison. Au fond se trouvait le local en bois qui abritait les WC. En fait, il s’agissait d’une simple fosse. Guillaume détestait cet endroit. Il préférait « arroser » les champs. Quant au reste…c’était un supplice. La bâtisse ne possédait pas encore le confort.

Il leva les yeux. Au plafond étaient suspendus trois nids. Rien ne bougeait, comme d’habitude. La déception se lisait sur le visage de l’enfant.

Tout d’un coup un oiseau arriva à une vitesse folle et s’agrippa à un nid. Alors des becs ouverts apparurent et des pépiements rompirent le silence. L’hirondelle repartit et pendant un instant, le bruit continua. Puis plus rien.

Guillaume n’en croyait pas ses yeux.

« Grand-maman, grand-maman, viens, il y a quelque chose, viens Grand-maman »

Celle-ci entendit les cris et arriva, un peu essoufflée.

« Regarde, regarde, ils sont là »

L’enfant sautillait en montrant du doigt l’un des trois nids. D’autres hirondelles vinrent et répétèrent les acrobaties de la première.

Finalement, deux nids étaient occupés. L’un hébergeait trois oisillons, l’autre quatre !

« Chut, ne fais pas tant de bruit, tu vas les effrayer »

« Grand-maman, je peux prendre une échelle pour les caresser ? »

« Surtout pas » répondit fermement l’aïeule. « Nous devons les laisser tranquilles et ne pas les toucher . Autrement leurs parents ne les nourriront plus et ils mourront. »

« Mais grand-maman, je les vois pas bien, même en sautant »

« Ne t’en fais pas. Lorsqu’ils sortiront, ils resteront près du nid et tu pourras les observer. Pour l’instant, regarde comment son papa et sa maman les nourrissent »

Guillaume attachait son regard aux nids. Chaque fois que les adultes arrivaient, ses yeux marron étincelaient de plaisir. Ce matin-là il resta bien une heure à observer.

Lorsque leurs parents n’étaient plus là, il parlait aux petits, riait, dansait, heureux. Il s’assit et devint d’un coup mélancolique.

« Vous avez de la chance vous. Vos parents vivent avec vous, ils sont là tous les deux. Moi, mon papa vient seul me voir et ma maman aussi. Et puis mon papa dit que ma maman est méchante. Je l’ai entendu hier quand il téléphonait à grand-maman. »

Quelques larmes perlèrent sur ses joues. Il les essuya vite. Il ne fallait pas que grand-maman les voit.

Peu après arriva l’oncle Tom. L’homme marchait avec une canne car il avait eu les jambes coupées sur une voie de chemin de fer, un soir de chagrin amoureux, imbibé d’alcool. Maintenant il marchait avec des prothèses. Il était volontaire et faisait face à la vie, sauf lorsqu’il buvait trop. Il était un brin rustre. Mais il aimait bien son neveu de quatre ans. Bien que parfois celui-ci lui jouât des tours pendables, l’aspergeant d’eau puis filant à toute vitesse en profitant de son handicap.

« Et tu vas voir si je t’attrape, petit vermisseau, dans la fontaine que tu vas passer » criait-il alors d’une voix qu’il voulait faire grosse.

Le gamin riait et narguait son oncle qui était toujours torse nu. Son crâne nu rougi par le soleil, ses épaules basanées, donnaient à cet homme un aspect comique. Il restait de longues heures assis sur le bord de la fontaine, sa canne entre les mains et un litron de bière ouvert à côté de lui. Les autres bouteilles étaient dans l’eau fraîche de la fontaine avec souvent le caisson de truites qu’avait péché le père ou le grand-père de Guillaume.

« Regarde oncle Tom, les petits oiseaux, ils sont là »

L’homme regarda et s’amusa de la joie de son neveu. Mais bourru comme à son habitude, il lui lança :

« Tu ne leur jetteras pas des cailloux, hein, moustique »

« Mais non, c’est mes copains »

« Et ben voilà, l’espérance pourra continuer d’être apportée » philosopha l’oncle.

« C’est quoi oncle Tom l’espérance ? «

« C’est ce qu’amène les hirondelles avec le printemps. C’est croire que demain est encore possible. Ne leur fait donc jamais de mal. Et si plus tard tu as une maison, laisse-les venir sous ton toit, même si cela salit le sol »

Le petit garçon regarda alors ces messagers extraordinaires. Ses yeux bruns malicieux pétillaient.

***

« Chéri, tu as pris les clés de la voiture ? »

Il sursauta. Sa femme le regarda étonnée.

« Que fais-tu ? Tu m’as l’air bien pensif »

« Regarde, elles sont revenues »

Elle regarda et sourit. Elle aimait bien elle aussi les hirondelles, même si cela allait de nouveau apporter de la souillure.

« Aïe, cette fois elles construisent au-dessus de la porte d’entrée. Dommage que cela apporte autant de saleté.»

Elle avait appris, depuis trois ans qu’ils possédaient leur maison, combien il aimait les hirondelles. Il était triste l’automne lorsqu’elles ne virevoltaient et ne gazouillaient plus. Il était gai le printemps lorsqu’elles revenaient. Dès avril il scrutait régulièrement l’horizon en s’interrogeant  « Je me demande quand elles vont venir ». Leurs filles se moquaient un peu de leur père et le taquinaient volontiers sur le sujet. Mais lui n'en avait cure.

L'année passée, il en avait voulu à son voisin, car celui-ci détruisait les nids.

"Sinon on ne sait plus où poser les pieds » avait maugréé celui-ci.

« On peut bien leur offrir l’hospitalité. Bien sûr, cela a des inconvénients, mais nous devons les protéger » avait pensé Guillaume. Il lui avait répondu :

« A mes yeux, elles représentent l’annonce de l’espérance »

« Pff, c’est quoi l’espérance aujourd’hui avec ce monde qui s’enflamme ? » avait objecté l’homme.

«L’espérance ? C’est croire que demain est encore possible… »

L’Orient, le 16 août 2005

22 février 2007

Ma fille s'envole...

Demain matin à 4h15, départ direction Genève. J'accompagne ma fille aînée à l'aéroport. Elle part pour un stage en Afrique, à Kinshasa exactement. C'est la quatrième fois qu'elle part sur ce continent. Elle est aussi partie aux Indes l'année passée.

Ma fille est donc une grande voyageuse. Sa passion: les enfants des rues. Par ce stage, elle termine sa formation d'éducatrice (enfin presque car il reste le mémoire !)

Ainsi donc, un mois jour pour jour après le décès de sa maman, elle prend son courage à deux mains et elle y va. Bien sûr elle a hésité compte tenu des circonstances. Mais nous avons eu la conviction que c'était juste. La vie continue et c'est en affrontant les obstacles que nous pouvons avancer.

Je suis fier de mes filles. Le contraire serait bien entendu bizarre`! Je suis donc heureux de l'orientation de Rachel. Evidemment, ce n'est pas facile. J'ai souvent dit à ma fille: je suis heureux que tu partes, mais je suis triste d'être séparé de toi. J'ai voulu par cela lui dire clairement mon vécu sans la retenir. Oui, les enfants ne nous appartiennent pas, ils nous sont confiés. Iris et moi avons eu de la chance avec nos deux filles mais nous les avons éduqué pour qu'elles prennent leur envol, pour qu'elles entrent dans leur vocation. Ainsi, même en l'absence de leur maman, elles ont à continuer leur route. Avec ma bénédiction.

Il y a deux ans, en été, j'avais composé ce texte à la suite d'une sortie à vélo avec Rachel. Je vous le donne aujourd'hui car il symbolise bien ce que je vis en tant que père.

Fragilité de fille, fragilité de père

19 mai : je la tenais dans mes bras. Après 14 heures épuisantes pour mon épouse, elle était là, blottie dans mes bras. Petite « chose » qui ne demandait qu’à être aimée, nourrie, encouragée.

J’étais un père heureux. Avec mon épouse, nous étions attendris devant ce nouvel être humain qui laissait entendre ses premières respirations à l’air libre.

Fragilité d’une petite fille devant la vie, fragilité d’un chemin qui s’ouvre sur l’horizon de ce monde.

***

Petite fille, tu as grandi. J’ai eu la joie de pratiquer plusieurs activités avec toi. C’est ainsi que je me rappelle de notre première course en montagne rien que nous deux. Tu avais huit ans. Tu étais brave, heureuse de découvrir les fleurs, les marmottes, les rivières. Nous avons marché durant cinq heures, nous avons mangé dans une cabane de montagne. Nous avons parlé, partagé. L’école, les fleurs, la vie, la nature, ta sœur, ta maman, tes envies, tes rêves, mais aussi mon travail, mes engagements, mes passions: tout était occasion de se dire, de s’écouter, de laisser glisser des confidences…Que c’est beau d’être père. Nous avons vécu souvent de tels moments depuis. Et aussi des semblables avec ta sœur.

Et puis, il y a eu la bicyclette. A sept ans, nous sommes allés au lac. Tu ouvrais la route et moi je restais derrière, sac au dos, veillant sur toi. Maman avec ta sœur sur le porte-bagage suivait derrière. Lorsque nous sommes arrivés, ton sourire jusqu’aux oreilles, tes yeux qui se fermaient à moitié… La baignade fut belle pour vous les femmes que j’aime… Moi je suis resté sur la rive, la baignade c’est vraiment pas mon truc… Cela ne m’a pas empêché de prendre l’eau avec vos giclées…La rentrée fut heureuse. La joie nous a accompagnés.

Et puis il y a eu notre première bonne montée. Tu voulais faire comme papa qui « faisait des cols ». Nous sommes partis. Ta maman nous regardait depuis le pas de la porte en nous encourageant de sa douce voix. Complice de nos exploits, elle a été la première fan de notre connivence. Ce jour-là, tu n’as pas posé le pied à terre, tu as avancé vaillante jusqu’au bout. Je t’avais dit : « lorsque tu peines, regarde tes jambes tourner comme des turbines. Concentre-toi sur cet effort, admire cette capacité que tu as de faire avancer ta « machine ». »

Nous vivions la fragilité de ces moments fugaces qui additionnés les uns aux autres tissait une relation.

***

Je disais à qui voulait l’entendre que les enfants étaient « programmés » pour dépasser leurs parents. Tu m’as dépassé pour le patin à glace : qu’elles étaient belles tes pirouettes. Tu m’as dépassé à la natation : ce n’était pas trop difficile avec mon intérêt très mitigé pour ce sport. Tu m’as dépassé pour le ski alpin. Tu as fait des études plus poussées que moi.

C’est ainsi et c’est bien.

Hier, nous sommes partis pour soixante kilomètres à vélo avec deux cols. Ces dernières années, la dureté du monde a altéré l’idéal que je portais dans le cœur et que je désirais partager. Mais notre relation s’est fortifiée.

Au début du premier col, mes jambes n’ont plus répondu. Je n’avais plus de force et j’avais de l’asthme. J’ai dû mettre le troisième plateau, le plus petit pour continuer d’avancer. Je t’ai dit : vas-y à ton rythme. Après t’être préoccupée de mon état, tu es partie en avant, je n’ai pas réussi à te suivre. Je n’ai même pas cherché à le faire. J’ai regardé tourner mes jambes, j’ai croché pour ne pas poser le pied à terre. La « machine » s’est remise gentiment en marche et tu m’as attendu au sommet. Tu souriais, attendrie devant ton père…

Fragilité d’un père devant la jeunesse de sa fille, fragilité d’un homme qui voit un avenir prendre son envol.

***

Tu as maintenant 21 ans, tu fais face à la vie avec plusieurs projets dans ta gibecière. Tu es forte, tu es mature. Tu as toutes les cartes dans tes mains.

Ma fille va, avance. Tu apprendras que la force se puise souvent dans la fragilité d’un instant. Avance sur ton chemin vers l’horizon de tes idéaux.

Ibiscus

14 février 2007

Aimer un être, c'est accepter de vieillir avec lui

Cette citation de Camus répond à ma vision de l'amour.

L'amour n'est pas seulement un sentiment que l'on ressent et qui nous subjugue parfois. C'est, pour moi, d'abord un engagement. Bien entendu, cet engagement s'enrichit par le sentiment. Mais le sentiment s'approfondit avec l'engagement.

Vieillir avec son conjoint, c'est vivre la multiplication du sentiment d'aimer. La tendresse, l'acceptation, la complicité et autres apports viennent enrichir l'amour. Maurice Ray, un pasteur, disait : la plus belle année c'est la dernière.

Aimer un être, c'est l'assurer de sa présence, de sa protection, de son écoute jusqu'au bout de sa vie. Ainsi l'être aimé se sentira moins seul, sera rassuré et pourra parler de ses peurs et de ses doutes.

Vieillir avec l'être aimé, c'est lui assurer que les jours où cela ne tourne pas rond ou sont source de désagrément, de ressentiment, de souffrance, seront suivis de jours à nouveau éclairés par l'engagement de l'amour. Ainsi les jours mauvais ne pourront pas devenir une raison de rupture et de rejet. Car vieillir avec l'être aimé c'est aussi accompagner au-delà des vississitudes de la vie, qu'elles soient la conséquence du caractère ou du corps qui prend des rides et qui avance moins rapidement sur le chemin de la vie.

Aimer est avant tout un engagement. Les promesses de mariage deviennent alors paroles de vie et de rappel. Et c'est dans ce cadre que l'amour fait germer des sentiments aux belles couleurs qui égaient les deux êtres qui s'aiment. Ces moments d'intimité et de partage deviennent alors des moments d'éternité.

8 février 2007

Et Dieu dans tout cela ?

Evidemment, cette question peut se poser rapidement dans l'épreuve du deuil. Pourtant je crois qu'Il est Tout-Puissant et Amour.

J'ai traversé plusieurs épreuves dans ma vie mais jamais mon Père céleste ne m'a abandonné. Ce n'est certainement pas aujourd'hui qu'Il va commencer !

Bien sûr les questions surgissent et notamment le Pourquoi as-tu permis cela ? D'autant plus que mon épouse à décidé de partir. Elle souffrait physiquement et avait peur de devenir une charge pour nous, sa famille, qu'elle aimait. Nous pensons qu'elle a vécu ce que l'on appelle un Acting-out, moment où toutes les portes semblent se fermer et qu'il n'y a donc plus d'issues. La personne qui vit ce désespoir se sent coupée des autres et ne voit plus d'options possibles. Deux heures avant son décès, elle vivait encore normalement les petites choses de la vie comme ce jour-là la victoire de Federer en 1/4 de finale. Je ne sais pas ce qui s'est passé et je ne le saurai certainement jamais bien que cela me perturbe beaucoup.

Ce que je sais par contre, c'est que Dieu n'a pas mis d'obstacle à cet acte comme il le fait parfois. Comme je sais qu'il peut tout, j'en arrive à croire qu'il a désiré accueillir mon épouse dans ses bras afin qu'elle ne souffre plus et qu'elle retrouve une liberté qu'elle avait l'impression de perdre progressivement.

Le matin du 23 janvier, dans le train, la lecture de la Bible qui m'était proposée était Job chapitres 9 et 10. Cet homme qui a beaucoup souffert et qui cherche un sens à sa souffrance. Au verset 9/35, j'ai lu dans ma traduction Semeur 2000 la phrase suivante: "...mais ce n'est pas le cas, je suis tout seul avec moi-même".

J'ai été interpellé par cette phrase et je me suis demandé ce que Dieu voulait me dire car elle ne quittait pas ma pensée. Etait-ce une préparation ? J'en viens à le croire.

Le lendemain, une méditation quotidienne sur Internet que je lis régulièrement nous encourageait à "aimer Dieu au-delà de nos afflictions". Dans ma douleur après une nuit blanche, j'ai perçu sa présence rassurante et sa compassion. C'était comme un ilot dans la mer déchaînée.

Oui, je désire croire encore et même encore plus. Mon épouse est maintenant dans le repos. C'est une espérance qui s'est inscrite en lettres indélébiles dans mon coeur. Oui je souffre et même énormément. Son souvenir m'obsède et j'imagine ses derniers instants avec anxiété. Quelle a été sa souffrance ? Combien grand a été son désespoir ? En même temps, il lui a fallu un certain courage. D'autant plus qu'elle savait que nous serions affligés. Elle est décédée et le feu a pris dans la cave accidentellement. Toutes ses décorations et son matériel de bricolage sont partis en fumée. Comme si ce qu'elle aimait et qui faisait partie de ses dons devait partir avec elle.

Oui, des questions restent. Oui les larmes coulent chaque jour. Mais je crois sincèrement que rien n'est permis par Dieu sans que nous recevions une force pour traverser l'épreuve. Mes filles et moi-même pouvons témoigner de cela.

Oui, je veux aimer Dieu au-delà de mon affliction.

4 février 2007

Mon épouse est décédée...

Le 23 janvier, mon épouse est décédée dans des conditions tragiques. Celle qui a vécu presque 25 ans à mes côtés (nous nous sommes mariés le 8 mai 1982) a subitement quitté notre vie (mes deux filles et moi).

Le choc est très rude. La souffrance brûle nos coeurs mais nous voulons continuer le chemin de la vie.

C'est auprès de Dieu que nous prendrons nos forces.

Nous ne pouvons pas réintégrer notre maison car celle-ci a souffert de l'incendie qui a suivi le décès de mon épouse. Heureusement, nous sommes bien entourés et cela rend notre épreuve plus douce.

Je continuerai ce blog. J'y insérerai quelques réflexions suscitées par cette expérience de deuil. Déjà, pour le vivre mieux, j'ai ouvert un blog à la mémoire d'Iris.

A bientôt.

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